Créée le 10 Décembre 1910, "Bicoques-Jardins" - Village Coopératif - était une Société Anonyme Coopérative à Capital Variable ayant pour objet la création d'une Cité-jardin ("Construction d'habitations à bon marché" était-il même précisé !) sur la commune d'Orly (en gros, un promoteur immobilier !).
Ci-après quelques extraits de la brochure d'époque présentant les "Statuts - Réglement Intérieur et Cahier des charges du Village coopératif d'ORLY".
Le Village Coopératif
Parmi les modifications salutaires que la coopération permet à l'homme moderne d'apporter aux conditions de sa vie matérielle et morale, il n'en est pas de plus heureuse peut-être que celle qui touche à l'organisation du foyer, du berceau de la vie future.
C'est grâce à la coopération qu'ont pu se constituer, en tant de pays divers, des collectivités dont les idées, les travaux surprirent tout d'abord par une hardiesse, une grandeur de vues à laquelle ne nous avait accoutumés ni la prudente pondération de nos pères, ni le respect des traditions et des erreurs séculaires.
Ainsi surgirent, en Angletrre, en Autriche, en Belgique, en Amérique, des Cités Jardins modèles. La France est entrée elle aussi dans cette voie, mais elle n'a su édifier jusqu'alors, à de rares exceptions près, que des cités ouvrières ou corons, créées à proximité des usines, par des industriels désireux de procurer quelque confort à leurs travailleurs manuels.A ces demeures construites sur un type uniforme, et de style sans caractère, l'esthétique fait essentiellement défaut.
Nous avons pensé qu'il y avait mieux à faire et qu'il ne suffisait pas de s'en tenir aux centres industriels. Aussi avons-nous constitué notre ociété en vue d'entreprendre la création de la première Cité Jardin du département de la Seine, du premier Village Coopératif de France.
La Société Bicoques-Jardins, fondée conformément aux lois sur la petite propriété et les habitations salubres à bon marché, profite des avantages que nous confèrent les lois en vigueur:
- Prêts d'argent à taux minime;
- Assurances sur la vie;
- Exonération d'impôts, de droits de mutation, de timbre;
- Bien de famille insaisissable.
Elle est gérée sous le contrôle de l'Etat et est essentiellement coopérative, toutes les fonctions y étant gratuites.
Aucun privilège n'est réservé aux fondateurs: tous les sociétaires y ont les mêmes droits, les mêmes avantages.
Elle n'a en un mot rien de commun avec les Sociétés commerciales, si souvent suspectes.
Achat en commun d'1 grand Domaine d'Orly
Une promesse de vente de ce domaine a été consentie par M. Fournier, propriétaire, à notre Société, à condition qu'elle achètera avant le 15 Janvier 1911 au prix de 1 fr. 76 le mètre de terrain boisé ou non, 40.000 fr. de lots à choisir dans toute l'étendue du domaine. (acte passé devant Maîtres Maciet et Dauchez, Notaires à Paris)
Cette condition ayant pu être remplie, nous donne droit à la jouissance entière du château et de ses dépendances, ainsi que des lots non encore achetés, et qui restent à attribuer aux nouveaux sociétaires jusqu'en janvier 1916. La Société achète donc lot par lot suivant les disponibilités de sa caisse. Le Sociétaire ne peut courir aucun risque, la Société n'ayant ni dédit ni engagement, quand bien même elle n'aura pas acheté à M. Fournier tous les lots du domaine à la date du 1er janvier 1916.
Domaine et Château d'Orly
La propriété, d'une contenance de 265.377 mètre environ, est entourée de murs. Elle se trouve à 11 km de Paris, dans le département de la Seine, et est desservie par les lignes d'Orléans, Orsay et Luxembourg. La gare d'Orly-Villeneuve-le-roi est à la porte même.
Le domaine historique, créé sous Louis XVI, comprend: Un château avec ses dépendances, une source, deux bassins, de nombreux bosquets, un parc, un bois qui possède des arbres centenaires.
Un panorama splendide s'offre aux regards.
La propriété domine la vallée de laSein à 45 mètre d'altitue moyenne au dessus du niveau du fleuve : les débordements ne sont donc pa sà craindre.
La végétation est particulièrement abondante en cette campagne reposante et belle que l'on ne trouve nulle part ailleurs, aussi près de Paris.
Le Village d'Orly (Seine)
Orly est une petite localité de 800 habitants, située à la limite des départements de Seine et Seine-et-Oise, à deux kilomètres de Choisy-le-Roi, arrondissement de Sceaux. Le village possède l'eau potable, le gaz, l'électricité, les égouts pour l'écoulement des eaux ménagères qui se déversent à la Seine.
La grosse culture, la culture maraîchère et l'herboristerie sont les industries du pays.
Les écoles, postes, télégraphes, téléphones et mairie, de construction récente avec aménagement et confort moderne, avoisinent la vieille église historique.
Moyens de communications
La gare située en face de l'une des entrées du domaine, possède en plus du service des voyageurs, une gare pour marchandises. Celles-ci n'acquittent aucun droit d'entrée, l'octroi n'existant pas dans la localité.
Le nombre des trains pourra être augmenté dans l'avenir; la Société espère pouvoir obtenir des trains semi-directs conduisant à Paris en 15 minutes.
Le tramway électrique ayant son point de départ au Châtelet doit avoir sa ligne incessamment prolongée à partir de Choisy-le-Roi, et passera devant l'entré du parc (Voir Journal Officiel du 24 août 1910).
Ce que nous voulons créer
Un centre salubre, des jardins, des pelouses, des espaces libres pour les jeux et sports, des maisons confortables et saines, construites au goût du sociétaire.
Ce que nous aurons
La garantie de n'avoir que des pavillons, jamais de maisons de rapport à plusieurs étages, pas d'usines, ni de fabriques à proximité, pas de voisinage malpropre et incommodant, une servitude d'hygiène pour tous, le bien-être chez soi et l'air pur au dehors, tout en conservant une entière liberté d'action.
Ce que nous nous proposons de faire
Une coopérative de consommation, des sociétes de distractions et de sports, des oeuvres de solidarité et mutualité.
Cahier des Charges du Village Coopératif
Le présent cahier des charges approuvé par les fondateurs en Assemblée générale, a été établi pour les besoins de notre oeuvre, en vue de notre entière garantie mutuelle, et afin que rien ne puisse donner lieu, plus tard, à fausse interprétation. Et s'il est des clauses ou des obligations qu'une première lecture peut faire estimer draconiennes, la réflexion impartiale et sage suffira, nous l'espérons, à faire comprendre qu'une certaine sévérité s'impose dès le principe, pour montrer à chacun son devoir et assurer dans l'avenir le respect de l'ordre, de l'équité, des biens, des droits de tous (Whaou !!!, ça rigolait pas...).